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YOU CALL YOURSELF A KILLER, BUT THE ONLY THING YOU'RE KILLING IS YOUR TIME

16 mai 2010

Difficile de passer deux soirées plus

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Difficile de passer deux soirées plus radicalement opposées que ces 14 et 15 mai, mais mais c'est aussi ça, les Nuits Bota. Aah, cette ambiance si particulière, ces flambages de crèpes, cette bouffe exotico-éthique, ces marches du jardin (édénique, une fois embrasé par les bas rayons du tiède soleil printanier, et égayé par les éphémères fleurs violettes des maronniers garnis) littéralement colonisées par les hordes de jeunes en bandes, et, pour ce soir... De bandes en veste de cuir!
Le concert du Black Rebel Motorcycle Club était à ce point titanesque que j'ai presqu'envie de ne soliloquer qu'à son propos, mais les deux formations qui le précédait ont elles aussi grandement contribué à l'excellent déroulement du festival ponctuel, c'est pourquoi je m'en vais furtivement vanter les qualités canadiennes de Winterleep et le shoegaze gangrené de Zaza. Les premiers offrent d'avenantes chansons, sympathiques à souhait, rock sans être lugubres, pop sans être doucereuses, et les seconds, un couple composé des clônes respectifs de J. Casablancas et D. Werbowy, approchent la musique par sa face la plus intrigante. Ce magnétisme est nourri par le déhanchement tantôt saccadé tantôt lent mais toujours lascif de la belle vamp à la basse ainsi que par la superbe voix du chanteur. Ces deux zakouskis font taper du pied, hocher la tête, et invitent, à l'avenir, à se pencher plus longuement sur leur oeuvre.

J'avais fini cet article, en son temps. Puis, c'est une fois de plus la courte mémoire visuelle de ma bécane qui a flanché, tout gommé, et depuis, je n'ai plus envie d'y taper quoique ce soit.
A bientôt.

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29 avril 2010

Dans le sanctuaire profané de These New Puritans,

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Dans le sanctuaire profané de These New Puritans, un bloc compact imbriquant Time Xone, We Want War et Three Thousand s'applatit lourdement en un inquiétant agglomérat monolithique qui fait craindre un concert racé, aux émotions neutralisées, se contentant d'aligner froidement leurs morceaux purgés. L'échalas Jack nous contredit illico par le flow occulte des premières chansons issues de Beat Pyramid: Swords of Truth et Numbers. Prosélytes catéchisés, nous pouvons maintenant nous introduire de plein pied dans les incantations suplliciées de l'étique shamman. Après l'interlude léger de l'arachnéenne Hologram, c'est la tribale Orion qui bat son ambiance inquiétante. Ses choeurs patibulaires nous mènent à Drum Courts (Where Corals Lie), africanisante et ensorcelée qui se prolonge en une Fire-Power pas moins démoniaque. S'insinue alors le single Attack Music, et les chanoines que nous sommes reconnaissent ensuite la démentielle White Chords, malgré un gros kwak technique décontenançant. Crooner vénéneux, mélodie délétère, paroles toxiques, tout ce qui la compose la rend mortellement irrésistible. Infinity se change en pont scabreux jusqu'à la tant désirée mais à peine rêvée Elvis, qui m'avait à l'époque obsédée de si nombreux jours... Ils la convertissent et la transmuent juste ce qu'il faut, conservant son subtil squelette, accroîssant son lugubre potentiel magique.
Plus abouti qu'en amuse-gueule des xx, moins spirituellement abstrait que craint, ce concert ascétique aura relevé du religieux, et Dieu sait si j'aime ça.
Le lendemain dans la même salle.
J'aurais parié ma setlist des Last Shadow Puppets que celle de Devonté allait s'ouvrir sur Marlene, premier extrait du tout frais Life is Sweet, Nice to Meet You. Cette première plage illustre bien la courbure giratoire que notre sympathique garçon à slim vermillon et chaussettes canari semble avoir opéré. En effet, il a viré sa délicate batteuse à frange pour s'entourer d'un véritable band, robuste, massif, en un mot: rock. Car c'est là que réside la primeur: nous connaissions les penchants de Dev pour les solos alambiqués et les paroles geignardes, mais ignorions qu'il n'avait pas totalement abrogé son amour pour les basses râblées ... De là à parler d'une nostalgie Test Iciclesienne, il n'y a qu'un pas.
Cette Marlene à la botte noire et aux joues roses s'éloigne furtivement pour laisser place à ma favorite parmi les favorites, l'exquise Midnight Surprise. La belle n'a pas pris une ride et s'étire indéfiniment, caressée par la demi-douzaine d'ambiances différentes qui lui sont imputée. Sur son trajet, elle escalade, explose, puis gambade avant de rencontrer la versatile Galaxy of the Lost, aussi maussade que pétulante, mais toujours aussi efficace. Romart, jeune pleurnicharde bercée s'efface devant la classique Tell me what it's worth qui n'a rien perdu de sa sensibilité sagace. La petite Straight ne sert qu'à introduire avec aménité la radoteuse mais embobinante Faculty of fears et ses faux airs de Stand by me. Déboule alors Madame van Damme, fille facile, qui verra notre Lightspeed Champion se poster derrière son synthé pour toucher d'une sérénade la farouche Middle of the Dark. Chavirante et opaque, la sublime dryade fini néanmoins par se laisser aller à la sensiblerie et déverser son lot de lyrisme domestiqué. La hippie Heavy Purple cède son tour à It Won't Be Long, surprenante groupie des Beatles tirée à quatre épingles, fort à propos, aussi pétillante que coquette. Sweetheart, une cow-girl raffinée quoiqu'ampoulée au riff entêtant viendra clore le bal par ses saisissantes manières ampoulées.
De ces soirées, nous pourrons déduire une chose: Domino Records, c'est pas d'la merde.
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28 mars 2010

Je n'étais pas absolument convaincue par la pop

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Je n'étais pas absolument convaincue par la pop douceâtre de Two Doors Cinema Club, ayant pourtant ravi mes essayages chez H&M, ayant pourtant distrait mes oreilles sur myspace, avant que ce petit bout de concert ne change le cours des choses. Car, en effet, s'ils n'inventent pas le fil à couper le beurre, nos anglais tiennent une autre ficelle: la fibre de la vibe. Les chansons alésées, calculées et alignées semblent ne lorger que vers nos épaules, nos hanches ou nos pieds qui se dérouillent sans se faire prier. Ici, on donne dans le fluet, dans le guilleret, si pas dans le benet, mais le fait est que ça leur réussi plutôt bien. On ne réfléchi pas trop longtemps. On gigote gaiement. Et on est contents.
Au concert de Phoenix, c'est le célèbre single n°1, chéri et connu comme le loup blanc, qui donne le coup d'envoi avec une intro très xx; rideau blême et ternes silhouettes en transparence... Et quand l'étoffe s'écroule à l'orée du premier refrain, c'est une véritable déflagration qui souffle sur nous. Une approche fantastiquement gaie, joyeusement drille qui donne envie de danser comme Carlton du Prince de Bel Air, bref, je trouve complètement superfétatoire de gaver de compliments la chanson de tous les honneurs, de réciter le panégyrique du tube de 2009; Lisztomania.
On garde le rythme avec l'avenante Long Distance Call et la mignonne Lasso. L'Ancienne Belgique était plus pleine qu'un oeuf ce soir-là, et vu la touffeur qui y régnait, on aurait pu croire que l'eau bouillonnait encore. La tiède Run Run Run glisse jusqu'à l'épantante Fences, l'une de mes favorites. Elle décolle, plane, voltige, atterri. Girlfriend, Armistice, les deux Love Like a Sunset. La moiteur commence à avoir raison de mon fragile bien-être. Je me décide à prendre de la hauteur et m'accroupis donc au prenier rang du balcon. De là, j'apprécie enfin à sa juste valeur le jeu de scène de l'amoureux de Sofia Coppola, dont les rachitiques bras ensserrés par ses proverbiales manches retroussées font tournoyer le micro par son fil (tel un Lasso).
Napoleon Says coule et s'allume de néons rudoyants, Too Young surfe et s'habille de rouge, et une
Consolation Prizes bleutée ondoye jusqu'à la royale Rome. Ils partent sur la très, très belle Funky Square Dance mais reviennent bien vite avec, me semble-til, la divine Everything is Everything, qui affligera même les âmes les plus coriaces... Les coeurs ne saignent plus mais s'affolent, et pour cause: If I Ever Feel Better! Immanquablement géniale, les premières paroles a capella nous embarquent dans notre pré-adolescence sébumineuse avec liesse, on est simplement heureux. L'AB ravie chante et se balance de concert.
Les singles des différents albums auront été parfaitement agencés tout au long de la prestation, ce qui ne laisse a priori aucune place à une éventuelle surprise... Si ce n'est cette reprise de La Fille au cheveux clairs de not'Johnny, joliment revisitée, mais sans malice. Je bondis pour aller danser dans un coin car les Versaillais se cassent définitivement sur la merveilleuse 1901. Un bonsoir dément, une révérence guinchante, on en aura eu pour notre blé.

14 mars 2010

Cette semaine, à deux reprises j'ai eu envie de

Cette semaine, à deux reprises j'ai eu envie de crier au génie en sortant de salles obscures. Ca tombe assez bien dans la mesure où je ne vis que pour des semaines où j'ai envie de crier au génie, au sortir de salles obscures, et par deux fois si possible.
L'élégance était le dénominateur communs de ces deux miracles de distinction.
La première éclata dans la grandiloquence.
Alors que mon ticket de concert volait au vent, (voilà ce que c'est de gambader guillerette avec le précieux sésame dans la poche arrière de son jeans) une première partie au nom déconcertant, Musée Mécanique, commençait à diffuser dans l'AB Club ses doux rayons lo-fi dont seuls les gens de Portland ont le secret. Rien de sorcier, pourtant... Des chansons fluides, mignonnes et appétissantes, quoiqu'un peu veules. Exactement ce qu'il nous fallait, en somme.
Car Dieu sait si le jeudi 11 mars devait encore en avoir sous la pédale...
Vexations, le nouvel album de Get Well Soon, n'avait, pour ainsi dire, rien d'enthousiasmant. Non qu'il fusse mauvais! mais Konstantin, cette fois, n'a pas été traversé par la foudre qui l'avait atteint auparavant. Il s'est déplorablement reposé sur ses dons congénitaux sans chercher à les sublimer. Mais ce n'est pas avec l'intention de le huer que je suis allée le voir...
Le spectacle commence tel que le ferait un conte; des passeraux sifflotent comme à l'orée d'un bois, une voix nous narre l'histoire d'une fillette, et le groupe arrive. Bon. Mouais.
Fort heureusement, nous savons à qui nous avons affaire: devant nous se posent les maîtres de l'emphase instrumentale, les doges du crescendo sonore, les césars de la pompe amplifiée. On peut penser à Beirut, par le côté Renaissance, l'esprit bohème, la passion de l'orphéon et de l'orchestre slave, si on veut vraiment, parce que Get Well Soon, c'est plutôt une dizaine de Beirut. Quand les choeurs se font entendre, quand trompettes ou violons retentissent, c'est toujours avec une force décuplée. Toute la beauté de ce genre musical se peut être décelée dans les cheveux du chanteur. De parfaitement gominés, peignés à l'ancienne, comme enduits d'encre pétrole, ils se gorgent de saine sueur et tombent par mèches dans les yeux opalins du cireux Konstantin, assiégé par la portée de sa musique. Pas de Born Slippy, mais I Sold my Hands for Food sonne à nouveau le retentissement d'autrefois. Je ne flancherai pas sous le poids du grandiose deux fois, mais il est des artistes dont on ne se lasse pas.
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La seconde brilla quant à elle par sa discrétion.
A Single Man est un film tiré à quatre épingles. Et pas seulement parce que Tom Ford en est le réalisateur! (...)
Facteur par ailleurs excissivement exaspérant dans un premier temps, car, malgré nous, nous ne nous préoccupons que trop du choix des boutons de manchette, de la coupe cintrée des vestons et du pointu des cols immaculés. On s'attend sottement à ce que le réalisateur privilégie la forme. Vrai, mais elle n'était sculptée que pour servir la profondeur insondable d'une histoire à la mentalité dentelée et soucieuse. Un tragédien fracassant. Un travail sur les couleurs à couper le souffle. Une sensualité barbellée. Un écrin à sentiments. Des seconds rôles abêtissants. Un discernement hors pair des soubreceaux de l'âme d'un homme... Qui inspire une ultime fois toute la beauté d'un monde qui l'aura irrémédiablement fêlé.
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20 février 2010

Un jour j'ai vu un frelon, il était gros comme ça.

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S'ils ne font pas l'Intro, je pleure.
Cela dit, s'ils la font, je pleure aussi.

Nous sommes au pied d'un long linge blanc. Il recouvre toute la scène. Les premières notes s'échappent de la Gibson dorée de Romy et ce drap ne fait plus office de rideau mais d'écran aux ombres que renvoient les trois des xx. Les gabarits asiatiques s'entrecroisent, s'isolent, se superposent, disparaissent au son de l'incommensurable introduction. Magnifique, ce prologue arrime Crystalised, et donne l'occasion au couple infernal de faire entendre leurs voix pour la première fois ce mercredi soir, ce qui ne manquera pas de nous éberluer. En effet, on peut dire que nous nous trouvons face à un phénomène pas moins rare que spectaculaire: les deux chanteurs de ce groupe austère jouissent d'un véritable don. Certes, il n'est pas faux qu'ils grossissent un peu le trait, elle essayant de la voiler comme les Cocteau Twins, lui jouant à mort sur son aspect suave, même parlé, mais cela ne gâche en rien le plaisir d'assister à un tel prodige.
En troisième lieu, Islands, l'unes des meilleures, confirme déjà tout ce que l'on a appris durant les dix minutes qui viennent de s'écouler. Elle commence par son milieu, bouleversant l'ordre savament établi à l'origine. Ceci ne sera pas l'unique petite modification qu'apportera le groupe à ses chansons, les étirant, leur donnant un visage carrément techno, ou les remixant sur le tard les unes avec les autres. On note qu'Oliver est, assurément, un garçon épatant, de par son that bridge is on fi-i-re, mais aussi par ses yeux de braise pétulants, ses oreilles rougies par les projecteurs derrière lui, la lenteur envoûtante de ses mouvements.
Heart Skipped a Beat, peut-être ma favorite, est égale à elle-même. Nous nous y abandonons sans résistance, kiffant de la nuque et du talon, décroisant les bras.
Après l'effet Fantasy loupé, c'est avec un Shelter sussuré et conclu par une boucle fort à propos que je me rends compte que le départ de l'Indienne surmenée est, tout compte fait, une bonne chose: ils y gagnent en minimalisme et en concision, ce qui n'est pas sans rappeler les Young Marble Giants ou, même, Joy Division (je peux argumenter si nécessaire pour ceux qui ont lâché). A mille lieues du prosaïsme de la pop absconse plébicitée par les hauts milieux intellos, les xx délivrent un son totalement neuf (comme à pu le faire Foals précédemment), limpide et frugal, sophistiqué et immatériel, tout en ayant quelque chose de très urbain, de rigoureux.
L'infantile VCR se coince dans l'étau de deux reprises: l'une ratée, l'autre totalement aboutie. La différence tient au fait que la première est un morceau emprunté, simplement joué à la manière de The xx, l'autre, Teardops, est véritablement digéré et raffiné, offrant ainsi un chouette résultat.
Malgré les flamandes qui se font une soirée blind-test derrière, malgré les pépés fin limiers sur ressort devant, nous apprécions la funky Basic Space à sa juste valeur. Ils la ponctue par un appendice girond qui résonne jusque Night Time, laquelle éclate après nous avoir soporiphiés par sa confortable vitesse de croisière. Voilà bien tout ce qu'on demande à la musique, faire bondir et trancher nos tripes anesthésiées.
Infinity, où chaque coup de tymbale nous aveugle par flash, est probablement le moment-clé du 17 février 2009. Oliver assomme, blesse, rosse l'instrument avec un venin insoupçonné. Nous sommes ébaubi. A peu près comme si nous même nous étions trouvés sous ses frappes.
Le groupe maudit revient pour Stars, planante, ésotérique, qui elle aussi se brise à retardement, effet que les londoniens maîtrisent décidément à la perfection, et tant mieux. Elle demeurera profondément incrustée jusqu'au lendemain dans nos esprits. Et tant mieux.
La musique, c'est du bruit qui pense.

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10 février 2010

Adam Green est venu, a couru, a bu, m'est tombé

Adam Green est venu, a couru, a bu, m'est tombé dessus, a ricoché, a calé, a criaillé, s'est enseveli dans le public, a bondi, a glapi, a vagi, a bu, a gaiement cabriolé, a allègrement blagué, a joyeusement dégourdi son gras, a dégoisé, a devisé, a divagué, a raconté ses expériences culinaires en Belgique, s'est épanché sur sa vie intime, a bu, a pétri la foule, a rigolé, a badiné, a charrié, a dangereusement tangué, a gesticulé, a guinché, a caracolé, a chanté seul, a chanté de sa voix redoutablement grave, a déchiré l'assemblée avec Jessica, a embrassé une fille à bonnet rayé, est tombé, a plongé, a bu, a gigoté, s'est esclaffé, s'est tortillé, a paradoxalement dépecé nos âmes en ferdonnant les paroles les plus drôles du monde, a cabriolé, a folâtré, a entraîné backstage une fille à bonnet rayé, a galopé, a vaincu. Sans saluer.
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5 janvier 2010

Au terme de 365 jours, il est toujours

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Au terme de 365 jours, il est toujours désagréable de s'apercevoir, au bout du compte, que l'on a pas écouté tant de musique que ça, bien qu'on aie eu la nette impression d'avoir un casque vissé sur la tête du soir au matin. Je pourrais, à raison, prétexter que c'est la faute à Humbug, qui a monopolisé mon capital auriculaire de façon exclusive pendant des mois. Oui, pendant des mois.
Je vomis les commémorations, je hais les hommages posthumes, j'abhorre les bilans, j'exècre les classements.
Je ressens néanmoins le besoin, aussi idiot que démago, de récapituler pour mieux recommencer.
Il y a eu la révélation, grasse et populacière, subite et entêteante, du Graal électro. Par le sang: Fake Blood, Bloody Beetroots, et par le feu (de l'action): 2 many DJ's, Yuksek, Proxy, Simian Mobile Disco, Zombie Nation, Surkin, Vitalic, Birdy Nam Nam, A-Trak, Major Lazer...
Il y a eu les 'traîtres déconvenues Julian', Plenti et Casablancas.
Il y a eu la classe cuirassée des Them Crooked Vultures, papys magnifiques qui nous ont envoyé le rock'n'roll à la figure à coup d'interminables morceaux pondéreux. Si l'expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs, ils ont dû en tirer de fécondes leçons.
Il y a eu la fraîcheur vivifiante des petits Phoenix, qui, renaissant de leurs cendres, les transforment en paillettes, à l'image de 1901 ou Fences, habiles pop songs qui forment avec Lizstomania le trio de début d'album le plus entraînant de la Terre.
Il y a eu le Mirror Mirror ensorcellant de Ghinzu.
Il y a eu Benjamin Biolay.
Il y a eu de chouettes trucs, comme Dirty Projectors, Black Lips, Telepathe,Sébastien Schuller, Noah and the Whale...
Il y a eu tellement de trucs que j'ai détesté. Girls, Chairlift, The Pains Of Being Pure At Heart, Passion Pit, Richard Hawley...
Il y a eu l'hideux Grace/Wastelands.
Il y a eu le déclic expérimental ammorcé par Get Color de HEALTH. Je me sens désormais apte à assimiler plus de choses.
Il y a eu les Animal Collective, les Grizzly Bear, illusions audtivies plébicitées, tantôt prodigieusement envoûtantes, tantôt ultra-chiantes, selon l'humeur de l'auditeur.
Il y a eu le I Am Sacha Fierce de la schizo Beyoncé Knowles. Si je m'écoutais, je dirais qu'il est l'album r'n'b le mieux conçu qui soit. Sa première moitié renferme un concentré de langueur sirupeuse, où sa fantastique voix peut allègrement tutoyer les sommets sucrés de la soul, tandis que la seconde partie est constituée de beats rétro-futuristes dont la rythmique ferait pâlir toute aspirante à la conquête des charts et des dancefloors. Beyoncé est la meilleure, for ever and ever.
Mais il y a surtout eu The XX, qui ont glorieusement sauvé cette ultime année sans dizaine de la monotonie. Ces trois affreux west-londoniens ont réalisé quelque chose de dément. Le trait de génie précoce le plus fulugrant est sans doute l'Intro, l'une des plus faramineuses jamais entendue, qui, a elle seule, synthétise en préambule toute l'atmosphère de l'album. Nu Gaze emprunt à la rêverie, délimité par des mélodies bien pensées et un son de guitare caractéristique et inédit.
On a pas fini de découvrir 2009.

5 novembre 2009

Le verre brûlant du warme wijn t'essore, t'étuve,

Le verre brûlant du warme wijn t'essore, t'étuve, te tiédit. Le train n'arrive pas, tu fume, tu tempête, tu boucane. Le tram se tire, tu supplie piteusement, tu sprinte sous la pluie, tu l'choppe à l'arrêt suivant.
Dance Little Liar
s'ouvre, comme le rideau, sur un plateau fumigène brouillant les dégaines bêcheuses des quatre de Sheffield. Elle fournit son travail, mais ne semble pas, sur le moment, enjamber le carde de sa fonction. Décharné, fat, Alex chante, sa voix t'infilte automatiquement, à l'instar des hululements de O'Malley ou de la partie magique de la chanson, celle après le break du liar takes a lot less time numéro deux, et de ces incroyables cordes forcenées, qui crient et te sectionne avant de s'agiter plus gaillardement sur
Brianstorm qui te donne déjà une folle envie de te balader parmi les dos suintants, les Vans pressurantes, les cheveux éclaboussés. Pas le temps de goûter la beauté de la précédente, il te faut déjà te démener comme un beau diable et ruisseler en braillant avec une vigueur de supporter britannique.
La très dispensable This House Is A Circus ne sert que de transition entre deux instants pogottage en puissance, puisque Still Take You Home démarre avec la franchise qu'on lui connait, nous insuffle l'envie de gueuler qu'on attendait. Pris dans un tourbillon, nous n'avons pas le temps de nous moquer de ces étrangers qui jouent des morceaux qui ne leur seillent que trop mal. Certes, il en remanie habilement une partie customisée, mais, si le faux bronzage lui échappe encore, Alex la rockstar présomptueuse et Alexa la fancy Topshop princess nous prouve le schisme qui existe au sein du groupe. Un paradoxe dissident qui ne gêne en rien, finalement, l'expression de notre amour par la mouvance cadensée de nos corps.
Arrive I Bet You Look Good On The Dancefloor, une chanson qu'on pense ne pas aimer plus que de raison, et qui pourtant provoque un immanquable électrochoc. Sa verdeur musclée aura toujours l'efficience des plus grandes, et même si elle n'en paye pas de mine, elle s'est bel et bien inscrite dans la légende.
Dangerous Animals n'était pas des plus inoubliables. Un Potion Approaching aurait selon moi provoqué des remous bien plus astucieux et aurait été toute aussi plaisante à reprendre en choeur. Néanmoins, elle aura servi de détonnateur à
The View From The Afternoon, sur les chapeaux de roue, inendiguable, pétulente au point de se moquer des conventions et d'étrenner de nouvelles illuminations dans ses parties les plus instrumentales. Volcanique et dégourdie, tu savoure son bouillon (point d'orgue: and she won't be surpriiised) en voltigeant, en te commotionnant, en te froissant.
Sketchead était l'occasion rêvée d'échanger ses impressions à la mi-temps... A la place, ils auraient été bien mieux inspirés de nous livrer l'exclusivité de Catapult ou autre réjouissance dans le goût...
My Propeller feutre, assourdi, ouate le concert tandis que la scultpurale If You Were There, Beware envoûte, transborde, exhausse le public.
Crying Lightning, pertinement introduite, joue son rôle de single collectiviste et éclate à l'instant donné, à point, parfaitement. On ne décolle pas les yeux des gestes que l'obsédant Jamie, la bouche studieusement tordue, appose à sa machine. Elle sera suivie de l'infernale Pretty Visitors, qui, bien qu'étant loin d'être ma favorite, ancre ce qu'il faut de punk, de rap et de gothique dans la prestation.
Cornerstone la belle, Cornerstone la sublime, sera ici galvaudée par une lenteur aboulique qui aura honteusement handicapé sa douce agilité, sa fraîche béatitude... Regrettable, mais
Do Me A Favour aura vite fait de nous émouvoir, vivement, avec toute la fougue latente qui ne s'exhume que tard dans le morceau, pour notre plus grand plaisir. Transports d'émotions dolentes, déchirments lancinants, affliction piquante... Alex Turner est beau.
When The Sun Goes Down l'inouïe, oracle de notre passion simiesque, radical de notre amour primate, soubassement de notre admiration anthropoïde, nous ne l'espérions plus. Même retentissement que pour The View, bien que jamais le public n'aie chanté si fort, avec tant de coeur, et avec une foi telle que je fus parcourue des plus délicieux frissons qui soient. Je pleurerais en repensant à ces premières secondes a cappella, lui, l'Infini et nous. Sans doute l'une des réussites les plus éclatantes du rock indépendant moderne. Tous les aspects de cette chanson aveuglante sont magnifiés jusqu'à toucher à l'astral. Alex Turner est beau.
The Jeweller’s Hand jolie comme tout, mais un poil inadéquate. Elle s'écoute avec recueillement, mais la lâche intensité qu'elle pouvait avoir sur cd se dissipe et s'encourt parmi l'assemblée. Le final verbeux est néanmoins d'une grâce émouvante, grâce qui inverstira également la plage suivante:
Secret Door, tour à tour déchirante, contemplative, poignante, sentimentale... Elle fut l'une des crêtes les plus providentielles de la soirée, canonisée par un ébouriffant coup de feu aux paillettes rissolées, enchantée par les scintillements édéniques des ces étourdissants confettis, elle nous prend la main, et, désormais à deux mètres d'Alex Turner, je peux dire qu'il est beau.
Il nous fait signe, mais revient aussi vite pour un

Fluorescent Adolescent corrigé au bridge interminablement mignon. Toute l'insouciance, la désinvolture, la virtuosité de la chanson nous berce, embaume nos coeurs, souffle sur nous un vent de paix, tout ça...
Clore par 505. C'est pas aux vieux singes qu'on apprend à faire la grimace. Ils ont bien compris que nous laisser tremblottants ne pourra rendre la réminiscence de ce jour que plus magique, à nos yeux. Depuis le temps que j'attendais ce but I crumble completely when you cry, attisé par les battements graduels de mon coeur, explosé par ces lumières, ce halo aveuglant et étourdissant, brisé par cette voix, ce cri triomphant et désolant. Zénith de la magnificience monkeysienne, je peux te dire que je n'en ai pas été moins chambardée, saccagée, éplorée que lors des premières écoutes de ce titre grandiose.
Alex Turner est beau. Alex Turner est parti. Alex Turner est éternel.

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28 octobre 2009

Tas de mouchoirs humides, oreillers délavés,

Tas de mouchoirs humides, oreillers délavés, joues salées.
Elles ouvrent les yeux aussi grands que la bouche, elles serrent leurs gorges, regardent effroyablement le vide, fixe, puis le vide se brouille, le noir oppressent, et elles tombent.


16 octobre 2009

La parturition d'un clip vidéo est souvent un

La parturition d'un clip vidéo est souvent un événement mineur dans le cosmos muscial.
Une fois n'est pas coutume, les facétieux Singes dérogent à la règle. Je ne devrais pas, mais je me reprends à faire du prosélytisme chevronné rendant grâce à Alexander David Turner (chanteur, auteur, compositeur, guitare, synthétiseur, tambourin) et à sa cabalisitque clique.
Car, il faut le dire, quand on peut se permettre de tourner en dérision la plus grande ballade de l'époque contemporaine, c'est qu'on frôle quelque chose de rare, voire de singulier.
C'est avec une apostolique abnégation, une vertueuse déférence que je servirai les Arctic Monkeys, et ce jusqu'à l'heure de mon trépas. J'en fais l'auguste serment.
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10 octobre 2009

Une quinzaine de courts, cinq longs, un

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Une quinzaine de courts, cinq longs, un documentaire... Cette semaine de Festival du Film International et Francophone en aura retenu une poignée:
La Vie Commence est un film de treize minutes où la robustesse du scénario n'a d'égal que l'aménité de l'image. Technique, fond et esthétique qu'un Van Sant ne renierait pas, Proulx-Cloutier combine la plate mélancolie suicidaire de l'adolescence au pastel de l'image d'une banlieue anonyme. Lapidaire, chirurgical, beau. Le Québec est décidément une région on l'ont sait ce que cinéma signifie...
Donde Esta Kim Basinger raconte le périple d'Antoine, jeune cocu, jeune bettrave, jeune larve, qui traîne son dépit bon gré mal gré dans les rues de Buenos Aires. Accompagné de son frère, il écume sans conviction bars suants et maisons closes d'amateurs. Ces pitteuses approximations donnent lieu à de jolis moments cocasses, bien joués et bien écrits, mais surtout habilement mis en boîte dans un noir et blanc au superbe relief.
Le Plein d'Aventure, ou la Belgique dans ce qu'elle aime le plus: le barré. Basile, un doux morveux exploseur de poule, fait, un beau jour d'été, la rencontre de Mickey. Cet improbable personnage, qui trempe ses tartines de choco dans son thermo et s'entraîne pour le Paris-Dakar, interprêté par l'excellentissime Albert Chassagne-Baradat (la chose qui annoncait les groupes aux Ardentes), devient alors l'objet de la curiosité de la bande de sales gosses. Touchant, complètement halluciné, ce court plus dense qu'il n'y parait en aura ému plus d'un.
Je vous aurais volontiers parlé d'un court métrage français original et saissisant, qui commence par une sorte de beatboxing entre vestes de cuir, de slam urbain, et qui se finit par la carabine d'un père propret dans la tête de son fils, accidentellement, mais j'ai tout oublié de ses références...
Enfin, le prix du public, mon long préféré: La Régate. Une histoire somme toute commune: un garçon de 16 ans se fait battre par un père indigne et menaçant. Le jeune homme, passionné d'aviron, se raccorche à sa copine, à son coach portuguais et à sa pagaye comme à une bouée de sauvetage (oh-oh). La force du film ne réside donc pas dans l'exentricité de son scénar, mais dans l'interpétation désarmante des acteurs et dans la judicieuse simplicité du reste. Une jolie histoire d'amitié, d'amour, de bons sentiments, tâchée par la famille et ses troubles. Il sera dans les salles en févrirer, pourquoi ne pas y aller, donc.
Ne parlons pas du film de clôture, Non ma fille tu n'iras pas danser de Christophe Honoré, énième film de genre émminement français, c'est à dire exacerbé dans toutes ses plaintes, ses digressions, ses sanglots, se perdant en mots, en forme, en longueurs. Les acteurs, voulant leur art virevoltant et stylisé, y laissent toute la spontanéité dont les bonnes idées dialectiques pourraient pourtant accoucher. Mastroianni est hideuse, puérile, fausse. Garrel est juste insupportable. Bref, ça nous change de La Belle Personne.
"La photographie, c'est la vérité, et le cinéma, c'est vingt-quatre fois la vérité par seconde." J-L G.

20 septembre 2009

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23 août 2009

chronique posthume

DAY 1
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Après avoir pris possesion de ses pénates, retrouvé nos jeunes et perçu un lointain X-Ray Vision provenant de la main stage, les Maccabees donnaient le coup d'envoi du
Pukkelpop festival, cuvée 2009.
C'est avec peine que je me remémore le concert de
Vetiver, fait de petites chansons natures, fraîches et anodines. Des ascendants manouches, country, rockabilly percés par deux, trois solos. Leur folk se perd parfois, notamment dans la lenteur de certaines compositions telles que Boring la bien nommée, mais fini toujours par s'en sortir à la faveur de l'incontestable qualité de leur musique.
Accablées par la position sommitale d'un soleil de plomb, nous kiffons néanmoins un groupe dont on ne se lasse pas, j'ai nommé
Ghinzu, qui nous livre un set condensé, rentabilisant de façon optimale la plage horaire défavorable accordée au groupe wallon. Un très mauvais mixage de la basse aura galvaudé Cold Love, une petite brise sublimé The Dragster Wave, et John tombé ses lunettes (des réfractaires, ces rockeurs).
C'est ensuite en
Bon Iver
que l'on trouve le premier événement majeur du jour... Tout en crescendo vivaces, en ascensions retardataires, le bûcheron en bermuda du Wisconsin se plait à construire des rampes où les sons se mêlent et s'intensifient, qui font prendre à ses oeuvres un essor final du plus bel effet. For Emma Forever Ago m'avait déjà paru magnifique à la maison, mais à cet instant, J. Vernon est parvenu à me filer la chair de poule par 40°C. Avec Creature Fear comme avec Flume, on voltige au dessus d'une délicatesse à fleur de peau, sans sensiblerie. Un public conquis et connaisseur finit de rendre ce concert magnifique, en reprenant des nombreux refrains.
Restons dans une ambiance 'Amérique des grands espaces où le vent souffle dans les pins' et enchaînons gaiement avec
Port O'Brien, une délégation dont le remarquable album I Woke Up Today avait déridé mes soirées de l'hiver dernier. Don't Let Me Hesitate pêchue, contrairement au reste du set qui sonnera un peu creux, la voix du chanteur un peu moins éclatante, l'affranchissement moins tonitruant. Pas de In Vino Veritas. Fisherman's Son, ma préféré, paru effectivement plus morne qu'à la maison... Ca arrive. Ils clôturent par la plage-titre, morceau galvanisant qui a honoré sa fonction.
On change de continent, battant cette fois le bitume avec le king de LDN... Que l'on s'incline devant
Dizzee Rascal! Nous arrivons sur un Paper Planes remi à sa sauce surdosée. Dylan Kwabena Mills ne tarde pas à enbrayer sur Stand Up Tall et Dance Wiv Me. Malgré la fournaise de laquelle nous sommes prisonniers, malgré cette touffeur insupportable, nous bondissons conjointement avec toute la vigueur que nos membres liquéfiés peuvent encore livrer. Tout y passe, et cela me semble encore supérieur à son émérite prestation du Polsslag. Méchante machine à tube et à sueur, il nous balance finalement un Bonkers de magnitude maximale qui met tout la marquee d'accord. On a plus qu'à tordre nos t-shirts et nous jetter sous les robinets avant de nous diriger vers le club, où Grizzly Bear donnera l'un des concerts les plus attendus du jour.
Mais tout n'est pas si simple. En effet, il se trame quelque chose qui attise fièvreusement notre curiosité... Un "groupe surprise", dont le nom ne sera jamais dévoilé, joue au même moment, et nous force donc à abandonner les auteurs du très bon Veckatimest après deux de leurs mirifques compositions.
C'est alors qu'après avoir fendu un rideau de pluie orageuse et battante, nous apparaît distinctement la coupe brosse de Josh Homme sur grand écran.
THEM CROOKED VULTURES. La rumeur courrait, on n'osait l'entendre, voilà qui est fait; nous aurons l'exclusivité de recevoir Joshua, Dave et John machin de Led Zep, de nous délecter de leurs morceaux inédits, redoutables, distordus et virils. Tous plus interminables les uns que les autres, ils nous apparaissent grandioses, en particulier le troisème en partant de la fin. Il va sans dire que la batterie ébranle ce qui reste de nos corps, et subjugue ce qui reste de nos crânes. Et pour cause, c'est Dave Grohl qui se trouve derrière, quand même. Homme est impressionnant, sa voix frôle décidément l'excellence. Ce projet, c'est la classe royale. C'est fébrilement que j'attendrai la sortie de cet opus d'anthologie, ouais, sans aucun doute.
Retour au camping histoire de se sustenter après tant de secousses, puis, Beirut. Zach, sa grâce, sa classe et son ukulélé arrivent et ouvrent par l'une des plus belles, Postcards From Italy (qui donne lieu à des regards complices avec nos nouveaux potes transalpins) qui serpente dans les cuivres et escalade jusqu'à toucher au sublime. Malheureusement, le beau ténébreux oubliera la totalité des mes préférées, choississant d'octroyer la part du roi à la moitié circassienne de March Of The Zapotec. Qu'à cela ne tienne, les instruments sveltes et touffus forment un paysage luxuriant devant lequel on s'émeut en se balançant doucement. Nous partons au terme de l'antépénultième Nantes, (avant qu'il n'interprête sa nuit avec la pute de Marseille) car il nous faut une place de choix pour les Anges Noirs.
"Je prendrais bien un peu de Black Angels avec mon p'tit joint". Inutile, accessoire, vain. L'acide de leur musique suffit emplement à nous baigner dans un état de communication intense avec l'Esprit rusé. Directions To See A Ghost est simplement l'un de mes albums préférés, halluciné comme du Brian Jonestown Massacre, suant comme du Black Rebel Motorcycle Club, et une identité propre et tout aussi ancrée. Mais ce n'est rien à côté du live. Rien.
Pas de Prodigal Sun ni de 18 Years, dommage, mais c'est passé inapperçu.
You On The Run nous immerge d'emblée dans un magma visqueux et bouillonant, où la fumée danse, occulte, possède. Science Killer, et je tombe éperduement amoureuse de la blondinette aux yeux combustibles derrière les fûts. La jeune femme cogne, le menton haut, de toutes ses forces des rythmiques brutes et pulvérisantes avec toute la hargne que ses bras fins lui permettent.
Les volutes stupéfiantes des démoniaques musiciens nous font rouler les yeux en arrière, en communion extatique avec le brouillard sonore qui nous enveloppe. Mes doigts étreignent ma robe, ma tête m'échappe et je survole leur univers intoxiqué. Yellow Elevator. Lévitation pétrifiante, potion grisante. Les Texans s'en vont sur Rain Dance, et nous laissent en manque, la bouche ouverte, en réclamant encore.
Un sommet n'est le terme qu'en apparence.
Puis on a guinché, sur orbite, jusqu'au bout d'la night, avec les Crookers.
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DAY 2
Ou la journée qui se voulait la moins palpitante et qui s'est pourtant échiné à démontrer le contraire.
On se met en route histoire d'apercevoir la robe turquoise lamée d'Emily Haines et de vaguement taper du pied sur Help, I'm Alive et Dead Disco.
Metric, ça casse pas trois pattes à un canard, et on peut en dire autant d'Alberta Cross, sortis d'on ne sait où, ce groupe au nom confondant fait de la musique sans style, ou plutôt avec celui de n'importe qui. Ils sont fadissimes, audibles mais jamais ne décollent. D'un ennui morbide, en somme.
Nous nous rendons ensuite sur la scène metal pour y ouïr
A Place To Bury Strangers, qui eux, sont loin d'être foncièrement mauvais, une fois les bouchons enfoncés loin dans les oreilles. Très agréable, on ne distingue pas grand chose, mais nous sommes néanmoins en mesure d'apprécier.
Nous partons précipitamment car quelque chose d'autrement plus folâtre se prépare...
Plus fort que le Muppet Show; l'arrivée de
Puppetmastaz.
Sur scène, un gros parallélépipède rectange drapé de leur insigne, une douzaine de marionnettes surexitées et fugaces (pièuvres, trucs à plumes et à bec, hippopotames, espèces canines, perruques mouvantes...) , des confettis, des cotillons, des ballons de baudruche... Bref, la grosse ambiance. C'est bien simple, je suis hilare du début à la fin. Quand ils ne rappent pas rageusement, les petites bêtes sauvages lâchent des fintes et se jouent de nous, dociles perroquets réactifs. Les Allemands sortent tout de même de leur cachette le temps d'un morceau, peut-être afin de décevoir ceux qui croyaient ces animaux faits des chair et d'os. On remarque par la même occasion, non pas qu'ils ont des looks de losers blancs travestis, mais que leur flow est ahurissant, en particilier celui du p'tit chinois nerveux. Plus divertissant, tu meurs. Un excellentissime moment interactif.
Is this the future?
Les
Eagles Of Death Metal sont relativement mous du genoux deux bonnes dizaines de minutes, c'est-à-dire le temps que le public, n'y tenant plus, se dédiscipline pendant Cherry Cola et prenne fermement le concert en mains. A coup de slam, de gestes obsènes, d'arrosage généreux, la foule perd la tête et trouve the way to L.A. Vraiment très cool. Jesse Hughes, c'est quelqu'un, un fieffé roux, et probablement l'homme qui a enseigné l'art de la danse à F. D...
Cap sur le club, histoire de tuer le quart d'heure qui me sépare de Bill Callahan. C'est un groupe détestable, mondain, stylisé, en un mot hype qui évolue nonchalamment sur scène. Les
Virgins jouent depuis dix minutes et entament She's Expensive. Avec la plus grande des stupéfactions, je suis contrainte d'admettre que c'est vraiment bien foutu. Gaies et entraînantes à l'image de Fernando Pando, les chansons des snobinards new-yorkais rendent extrêmement bien en live. Envers et contre leur suffisance horripilante, j'ai une folle envie de rester, mais un grand besoin de partir.
De partir pour frapper au parvis du château, rotonde à grandins, où
Bill Callahan vient de commencer. Assise, face à lui, il capte l'attention de l'assistance en un claquement de doigts. Il lui suffit d'amorcer l'une de ses compositions pour le que silence le plus cotonneux se fasse. Dans son genre, Bill Callahan fait partie des meilleurs. Avec l'album Sometimes I Wish We Were An Eagle, il nous a prouvé qu'il se démarquait des ses nombreux collègues versants dans le lo-fi-neo-folk par des rythmiques très variées et une voix hors du commun. Prenons Sébastien Schuller. Ce qu'il fait est magnifique, il transperce la voie lactée, mais on peut raisonnablement dire que c'est chiant. Contrairement au texan ici présent, qui, quant à lui, se fend en deux pour briser la réserve de laquelle la beauté est parfois captive... On en avait vraiment le sentiment, d'être des aigles. L'atterrisage est strident, aveuglant, difficile.
Glasvegas. Sans commentaire.
Pour nous stimuler un peu, nous improvisons une sarabande enjouée et insouciante avec les
Tings Tings comme fond sonore. Great DJ, That's Not My Name, tout ça... Je ne vous fais pas un dessin.
Nous gagnons sans plus tarder la demeure de
Patrick Wolf
, qui est bien plus qu'une dragqueen. Je ne connaissais pas grand chose du bonhomme, mais j'en avais une impression plus prude et délicate. En effet, quelque part entre Chouchou et David Bowie, Patrick Wolf empoigne avec conviction tantôt sa guiatre, tantôt son micro en ondulant dans sa robe dorée. Je le retrouve un peu lorsqu'il use du violon, de très belle façon. Une sirène blonde, un mage fantaisiste, un aliéné gothique, on ne sait trop, mais quoiqu'il en soit, la démarche du garçon crie la sincérité, contrairement à ce que laissaient penser les préjugés. Il clôt par un Magic Position amélioré, touched for the very first time.
De retour au château, nous sacrons le concert de la journée :
HEALTH.
Je n'ai pas encore compris ce qui s'était passé.
Ensuite, nous faisons la java quelques temps dans la cocotte minute vaporeuse de la Boiler Room, avec
MSTRKRFT. Set sympathique, mais pas le temps de nous emballer que nous lâchons prise afin d'apercevoir Crystal Antlers.
Ah, maintenant je vois mieux ce qui est advenu de mon être pendant Health... Les Crystals Antlers tout juste les mêmes, mais avec des mélodies définies et une voix omniprésente en plus. Tout l'attrait de Health, mis à part se dévisser l'encéphale et être crédulement entraîné par le bruit, réside dans le fait que l'on se compose nous-même notre musique. L'irrégularité du tempo, l'indiscipline des instruments, l'intarissable flux de bidouillage cacophonique nous poussent à nous efforcer de trouver un fil à tout ça. Il n'est plus question de notes, de construction, d'acoustique. C'est du grabuge, de la musique expérimentale de haute volée, de l'art abstrait. Alors après, le reste paraît fadasse, forcément.
Ou pas tout-à-fait... Dans un autre genre de puissance, ce sont les
Bloody Beetroots
que nous nous en allons retrouver à la queue-leu-leu. Un set absolument atomique, salement gâché par la perte du téléphone portable de C.D. Qu'à cela ne tienne, nous dévorons jusqu'à la dernière miette de cette liesse populaire (n'évoquons pas même le climat du dance hall débordant pendant Warp) et cabriolons les bras tendus tant que faire ce peut. Right here, right now. Ils (nous) achèvent après une heure trente de cohésion folklorique en ayant le bon goût de passer Disorder, oui, Disorder.
Coup d'oeil curieux aux papys de
Kraftwerk
, qui ne recueillent visiblement pas les faveurs du public. Radioactivity. Nous retournons trois décénies en arrière, avec des néons vert fluo et des images de tetris. Je trouve ça assez impressionnant, ces quatres extra-terrestres derrière leur ordis qui émettent leur son minimaliste et unanimement révolutionnaire en plein air. Légendaires, nucléaires, ils valaient tout de même bien la peine qu'on s'y attarde un peu.

DAY 3
Ultime et pas des moindres, le troisième sera le jour des idoles.
Cette fois, nous ne nous mettons en branle que très tard, après avoir loupé les Brakes et Telepathe.
Nous assistons tout d'abord au récital des Rifles. Je les avais rapidement classés parmi Rakes, Cribs, View, Courteeners et autres sots groupes british sans nul intérêt. Ils exécutent Repeated Offender, la meilleure selon moi, et mettent une chouette ambiance dans l'assistance éparse. Peace & Quiet. Je réalise que, de vive voix, le chanteur est plus talentueux que présumé. Mais enfin, rien de renversant, très routinier, allons-nous en voir le gentil Jack Peñate.
Sa prestation m'a donné envie d'écouter son album, j'imagine que le garçon a donc atteint son but. Ce qu'il faut d'exotisme, d'enthousiasme; c'est une petite douceur benette qui glisse toute seule. Spit At Stars vivace et joyeuse. Second Minute Or Hour enjouée et zélée. On en sort pas grandi, mais si l'on était au finfond d'un gouffre dépressionnaire, on a de bonnes chances d'avoir retrouvé le sourire un instant.
Trop d'attentes pour ce concert de Deerhunter. A vrai dire, seule Never Stops m'a un peu exaltée... Peut-être eût-il fallu une salle obscure pour apprécier d'avantage...
Bien entendu, nous pouvons communément saluer la toute grande vertu de la musique, mais à aucun moment je ne l'ai surprise à grimper le long de mon dos ou à tournoyer parmi mes cellules nerveuses. Etonnament plat pour un si bon groupe, en somme.
Après cette petite déconvenue, nous ne ferons plus que larver, entendant vaguement les dégoûtants Anti-Flag et les plus dignes d'attention Dinosaur Jr. Mauvaise gestion du temps. Tant pis, après tout, c'est pour le clou de la soirée que l'on a princiaplement ramené sa fraise.
Mais aussi, mais aussi, pour 50 Cent.
Quel séisme... J'ai bien l'impression d'avoir été la seule à le percevoir de cette façon, mais ce fut de très loin le meilleur moment du jour. Car, non seulement je vivais les chansons que j'avais écoutées tout au long ma pré-adolescence, mais ce n'était pas uniquement le charismatique Curtis Jackson qui évoluait sous mes yeux ébahis, c'était bel et bien la quasi totalité de son fidèle crew! Lui, Tony Yayo et Lloyd Banks. Trio de feu. GGGGGGGGGGGG-UNIT!
Le public ne sait peut-être pas trop pourquoi il est là, où alors dans le but de brandir des pancartes toutes plus comiques les unes que les autres, mais Dieu sait s'il se laisse mener par le bout du majeur (photo) et s'il bat frénétiquement l'air de ses bras synchronisés. Quoique l'on dise sur son attitude, quoiqu'on puisse lui reprocher, c'est un mobilisateur de foule, le fifty. Ca pulse juste ce qu'il faut, on entend parfaitement sa voix suave nous demander civilement put yo mother fucking hands in da mother fucking sky. Il enchaîne à une vitesse affolante, je trépigne à chaque fois, j'en suis prosaïquement folle.
Il les fait toutes, de In Da Club à Candy Shop, de 21 Questions à Many Men, de P.I.M.P à Hate It or Love It, de Magic Stick à Disco Inferno, de I'm Supposed To Die Tonight à Just a Little Bit, en insérant même des oeuvres de collègues (The Next Episode) et en laissant ses comparses défendre leurs tubes respectifs (So Seductive et Hands Up). Jamais je n'ai vu tel condensé d'une oeuvre. Formidable.
Dernier concert avant ledit "grand moment": N.E.R.D.
Je revis à la virgule le concert de l'AB, en moins bien, en moins compact, et en beaucoup plus court.


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Back from the dead
Moment de vérité.
Préambule: Vous excuserez/condamnerez/comprendrez la tournure plus personnelle que se prépare à prendre ce sempitenel reportage. Tout d'abord car, dans la mesure où les Arctic Monkeys me sont intrinsèquement liés, je ne peux en faire autrement, et, d'autre part, en faire le récit impartial aurait encore moins d'intérêt que c'que j'fais là.
Et si je vous disais que ça faisait plus de deux ans que j'attendais cet instant? Deux longues années que je nourris un amour inconditionnel pour ce quartet de primates anthropoïdes à face nue et à membres préhensibles. Rien, ni l'évolution de leur physionomie (étirement des ramifications capillaires et amplification du volume de la chevelure, cachexie maladive du chanteur, dépigmentation cutanée tirant vers l'opalin, douteux penchants vestimentaires glorifiant tantôt la harde métalleuse, tantôt la guenille effeminée, le slim gainant, la chaînette à pendants...), ni l'évolution novatrice de la vibe émanant de leur fanfare ne m'a fait démodre de ma passion.
Certes, les Arctic Monkeys ne sont plus les mêmes. Ils ont définitivement radié leurs habitudes de banlieusards géniaux à t-shirt Adidas et à acné récalcitrante, de stoïques adolescents timorés, d'innocents prodiges, capables de pondre dix fois la mélodie du siècle, ayant eu la mauvaise idée, dès le début, d'avoir enfanté l'album parfait.
Mais là réside leur magique singularité: plutôt que de se singer, hin hin, ils tentent perpétuellement de titiller d'autres Olympe, au risque de désarçonner la populace.
Nietzsche disait que les singes étaient bien trop bons que pour que l'homme puisse descendre d'eux... C'est ce qu'on va voir...
Ou plutôt, ne rien voir. Car c'est bien ce qui est arrivé ce curieux soir d'août. Ne rien voir de la scène, ne rien voir passer, ne rien voir venir.
Avant ce concert, j'avais tâché de n'entendre que le strict minimum d'extraits d'Humbug, afin de lever de voile par moi-même, face à eux. Une riche et belle idée, théoriquement.
Pas d'effet dévastateur dans la poitrine à leur arrivée. Les circonstances inhibantes de cet été ont fini par avoir raison de moi et de ma capacité à profiter pleinement de l'instant. Trop d'anxiété, de pensées tristes et parasitaires ont gommé l'enchantement. Je me vois mal parler d'un moment auquel je n'ai pas assisté.
Une superbe setlist, ces garçons ont décidément du goût, If You Were There en troisième position, un choix tactique osé et acquérant. Tout est parfait, de l'arrivée de Still Take You Home au binôme Do Me A Favour-Secret Door, jusqu'à la conclusion, 505. Couronnement très douloureux, durant lequel je réalise (non pas qu'ils n'avaient pas fait When The Sun), mais que je fus imperméable au premier concert vécu du groupe que je préfère au monde.
Mais cette amertume, à l'heure où je vous parle, 11:16, le mardi 25 août, s'est déjà dissipée.
L'imparable raison est la suivante: j'ai écouté Humbug cette nuit après avoir réussi mes examens.
Enfin, je retrouvais ce qu'il fallait de fébrilité en appuyant sur play, enfin j'appréhendais, enfin je me réjouissais. Dans l'obscurité, face à une fenêtre ouverte à travers laquelle les éclairs rayaient le ciel, j'allais enfin voir de quoi il retournait.
My Propeller ouvre l'album avec un schéma de chanson inédit chez les quadrumanes qui n'est pas sans évoquer la profondeur de Suture Up Your Future, pour ne pas éviter les comparaisons faciles qu'engendrent la nature du producteur de l'objet. C'est néanmoins J. Ford qui se cache derrière (il n'y a pas de secret, l'homme est à la base de mes préférées) et lui insuffle tous les tréfonds qui signent l'entièreté de son travail. Les nuances opaques, les tonalités dégradées, les légertés lugubres, les finalisations ahurissantes... Crying Lightning, puit de souvenirs, single idéal, absolue cohésion de l'enchevêtrement basse/batterie/guitare, fièvre de la minute cinquante six; tout en cette réussite se démarque sans dénoter.
Nuque mobile marquant la basse de D.a.n.g.e.r.o.u.s. A.n.i.m.a.l.s., éminente et complète, circulant dans diverses ambiances l'espace de trois minutes. Et c'est un peu l'impression qui domine dans l'oeuvre de cette nouvelle espèce simienne... Une vogue tantôt haletante, tantôt ouatée qui nous transbahute ou nous dépose aux confins de mondes chastes dont le sol ne demande qu'à être rageusement piétiné, ou amoureusement foulé.
Alors celle-là! Secret Door. Une âme brave me l'avait décrite comme la meilleure de l'album, et je pense être désormais en mesure d'affirmer que je rejoinds aveuglement sa claire pensée. En véritable antidote à la frustration, elle libère les ultimes affectations désabusées par des contractions spasmatiques de diaphragme accompagnées de larmes... Exorcisée, je me retrouve. Secret Door est grande, grande. Et les mots en préfixe ex épousent pour le coup parfaitement son effarante noblesse.
Mais comme les Arctic Monkeys ne sont pas du genre à nous ménager, ils font suivre la majesté de la ballade par la brutalité domestiquée de Potion Approaching. D'abord ténue et herculéenne, elle décélère et s'attèle à exercer un envoûtement croissant, excessivement lascif, qui crée une malicieuse dichotomie qui se retrouve kidnappée dans le Far West par d'adéquats choeurs.
Suit Fire And The Thud, un peu plus terne que ce qu'on a entendu jusqu'ici, mais toujours affublée d'un climat incroyable, moite, cramé sur le tard par un Jamie pyromane et une Alison incendiaire.
La toute jolie Cornerstone semble taillée sur mesure pour la diva dandinante qui habite le corps famélique d'Alexander David Turner. Son rythme ravissant met en exergue le texte (et c'est une constante; la plume d'Alex, en plus de n'avoir jamais été aussi belle, est magnifiée par sa diction et par le tempo toujours très recherché de son chant embelli.) Déliée et impalpable, elle arrive comme une fleur à l'endroit propice, c'est-à-dire juste avant Dance Little Liar, chanson couché de soleil d'hiver, fin d'après-midi du dimanche, grave et affectée, triste et rondement menée. Ils revendiquent leur lenteur nouvelle, assumée, seyante, mais la torde néanmoins de façon originale à l'aide d'une batterie à la simplicité primitive et par une conclusion crève-coeur à la fusion instrumentale insensément radieuse.
Pretty Visitors, Space Invaders. De par sa théâralité flippante, elle renoue avec l'esprit zombie des faces-b de Brianstorm, se déclarant chaînon entre FWN et son successeur. Final soigné, très robuste, comme d'hab.
The Jeweller's Hand a la mélancolie d'une complainte grecque et il lui incombe la lourde tâche de clore de manière diffuse et brumeuse un admirable album, une fois de plus. J'équarquille les yeux, je n'en reviens pas de toucher déjà à la fin.
Peut-être moins révolutionnaire dans son genre que les deux précédents, il n'en reste pas moins une des sept merveilles du monde.
Les Arctic Monkeys sont un groupe générationnel, de ceux qui marquent leur temps d'une empreinte indélébile, n'en doutons plus.

6 août 2009

Eloge dohertiesque.Que peut-on ajouter lorsque

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Eloge dohertiesque.
Que peut-on ajouter lorsque tout a déjà été dit? Compliments coîts, formules éculées, superlatifs canonisateurs...
Versons dans le pontifiant, et rendons grâce à Dieu.
A chacune de Ses alimentaires prestations, le blême démiurge ne manque jamais d'émouvoir son assistance, de la bigotte groupie à couvre-chef burlesque au raisonnable gentilhomme de 40 piges. L'amour convergent que toute cette masse d'êtres Lui porte est incoercible, et ne nécésite aucun débat.
Nous nous coagulons.
L'étendard des pubères mélomanes attendrit, subjuge, déchaîne, et tout ça avec une simple guitare. Capable tour à tour de reproduire de façon détournée l'impact d'un éblouissant Killamangiro et surtout d'un Fuck Forever gravé dans la roche, de nous vitrifier par l'infinie grâce d'un Lost Art Of Murder inespéré, de nous combler par des chansons auxquelles nous sommes viscarélement ficelés; un Don't Look Back tant escompté ou un Delivery inouï, de nous semmer dans Sa discographie perlée de poussièreux bijoux (The Man Who Would Be King, par exemple), nous confondant entre reprises de Neil Young, exclusivités bouillantes et démos de fond de tiroir, de nous faire chavirer en nous faisant la lecture de quelques vers émanant des Fleurs du Mal, mais par dessus tout, de produire ce sensationnel corollaire à tous les coups.
Le talent sans génie est peu de chose. Le génie sans talent n'est rien.

30 juillet 2009

Et la Terre, en pijama, a tremblé.

Et la Terre, en pijama, a tremblé.
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13 juillet 2009

Les Ardentes, Liège, Belgique. Dimanche 12

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Les Ardentes, Liège, Belgique.
Dimanche 12 juillet.
Les yeux un peu plus gros que le ventre.
Les Ardentes, cette année, c'était honnête. Toujours loin d'être vaniteux, toujours à la recherche de têtes peu communes, de saveurs exotiques et de mariages inédits.
Par l'odeur alléchés, c'est sur le quatrième et ultime jour que nous avons jetté notre dévolu. Un rien abouliques, nous ne nous décidons pas à écouter quoique ce soit avant Mulatu Astatrke & The Heliocentrics. Assis, battant du pied, les pérégrinations éthiopiennes du jazzman séduisent un temps, puis endorment inévitablement. De cuivres surmixés finiront de détourner notre attention de ces sons pourtant luxuriants et recherchés.
Nous huppons outrageusement Gabriella Cilmi, jettons un coup d'oeil amusé à une Lio (feat. Phantom) qui a le rock'n'roll battant dans les veines, pour nous retrouver face à Peter, Bjorn & John. Pop difforme dénuée de tout contraste, quelque mélodies tropicales plus digestes, mais le tout sonne très rebattu. Nous tenons jusqu'à un misérable Young Folks qui restera aussi linéaire que l'ensemble. Heureusement que la suite s'annonce autrement plus alléchante: c'est Alela Diane qui est la prochaine à se produire sur la scène intérieure. Folle amoureuse de son album de reprises en collaboration avec un groupe d'emprunt, Headless Heroes, je m'attendais à un set désorientant
porté au loin par sa voix d'ange californien. A mon grand désarroi, la belle chanteuse semblait plutôt héler des vaches transalpines en yoddleant. To Be Still ne me convainc pas. En revanche, The Rifle reste décidément un sublime et subtil morceau. Bercés par la prêtresse héllénique, on en oublie les Subways (desquels nous avons eu de transpirants échos) et nous enfuyons d'un Sharko gueulard et répulsif. Sûrs de passer un bon moment, nous nous plantons devant Cold War Kids, inévitablement excellents. Setlist en tous points semblable à celle de l'an passé, mais toujours aussi convaincante, on s'enfile à la suite Hang Me Up To Dry, Tell Me In The Morning, We Used To Vacation, Hospital Beds, pour clore avec Saint John. Les gars de la West Coast savent y faire, profonds et racés, tenus et assiégés. Gargantuesque.
Un regard pour Julien Doré; un slow, un duo avec Coeur de Pirate, une chouette chanson en anglais... J'en aurais volontiers vu d'avantage, mais je crois que je m'en remettrai.
De Supergrass nous ne connaissions pas grand chose, si ce n'est leur réputation et Alright, tout au plus. Nous les écoutons distraitement, et c'est loin d'avoir l'air mauvais. On décèle tout de même une bribe de Sunday Morning ainsi que de bonnes parties de guitare... Leur départ sonne l'abordage de la principale attraction de la journée; j'ai nommé Ghinzu.
Apparition qui provoque un bel éclat de rire, avec cette intro Star Wars, aussi surprenante que seyante. Première chanson qui, même étant inconnue au bataillon, mord et se révèle excellente, d'autant plus qu'elle laisse la main à une brochette de morceaux de choix. De l'ordre, je n'ai plus qu'un souvenir aléatoire. Néanmoins, je sais que mes préférées de Mirror Mirror y passent toutes, sauf une. Cold Love est intersidérale. Do You Read Me est grandiose. Sans parler du couplet éponyme... Gauchedroitegauchedroitegauchedroite. Même leurs récentes plages expérimentales et cléricales passent à merveille en concert (Mother Allegra). Pas de High Voltage Queen, mais une Dragster Wave cataclysmique. Le raz-de-marée galactique passé (ces trois premiers quarts d'heure étaient d'une puissance phénoménale), ils feintent un départ anticipé, mais personne n'est dupe: les représentants belges de forces obscures de l'électricité reviennent avec un rappel du tonnerre de Dieu. Blow. Puis Mine... Puis on essaye de marcher droit.

4 juillet 2009

Budapest

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J'éviterais bien de m'étendre sur l'âme slave et sa misère, sur les bienfaits des thermes qui brassent la populace, soignent les vieilles hongroises obèses impudiques et font suer les touristes en goguette, sur l'horreur des périodes sombres de l'histoire hongroise, entre nazis et soviets, sur la finesse émouvante des pendentifs, des calices et des vases Sécession du musée des Arts Décoratifs ou sur l'ennui mortel que provoquent les flamands baroques, les affreuses représentations religieuses Renaissance paneuropéennes et les oeuvres médiévales belges chez moi.
C'est en posant mes yeux sur un flyer à même le sol de la Galerie Nationale (grande et belle collection impressionniste), que je découvri avec un bonheur paroxystique qu'une exposition consacrée à Anton Corbijn était en cours au Musée des Arts Contemporains. Le lendemain, je gravis le troisième étage de ce fameux Ludwig Museum et apprécie l'immense qualité de la collection permanente qui y est proposée. Les tableaux d'artistes internationalement reconnus (Picasso, Liechtenstein, Ono...) cotôyent harmonieusement ceux de hongrois qui gagnent à être vus. Parmi les oeuvres qui ont attiré mon attention, je citerais "Revesible and interchangeable phases of motion" de Dora Maurer, la beauté informelle des intestins de vache sous glace d'Ilona Lovas, la réussite totale du mariage entre scultpure et peintrue de "La grande bacchanale noire" de Tamas, le Elvis de Warhol, l'hyperréalisme vertigineux de Estes, Close et Morley.
Une volée d'escalier, et c'est l'empereur du portrait, l'esthète du noir et blanc, le photographe attitré des légendes que je m'en vais observer. Les clichés du hollandais sont tous plus beaux les uns que les autres, à commencer par un Miles Davis horrifié au grain de peau sensible (photo), un Kurt Cobain travelo à Seattle en 95, une Kate M. masquée et mystique, un Franck Sinatra élégament accoudé au zinc d'un coquet bistrot de Palm Springs, un Ian Curtis qui fait un volte-face évocateur dans le metro londonien ou encore un gros plan de temps qui a creusé les rides des mains bénies de John Lee Hooker.
Enfin, je vous recommande Fredo Viola et son pieux "The Turn" qui ont merveilleusement accompagné mon périple. Le terme de "pop baroque", très en vogue depuis que Grizzly Bear et Fleet Foxes l'ont popularisé, n'a jamais eu autant de sens. C'est une kyrielle hallucinatoire de sons monastiques rococo et de choeurs dévots. Dépaysant.

11 juin 2009

Il l'a aimée, pourtant, la nuit.Avec sa bande de

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Il l'a aimée, pourtant, la nuit.
Avec sa bande de copains, il s'y incrivaient, s'en jouaient parfois, jusqu'à redouter l'aurore.
Ils avaient leurs petites habitudes. Carlos, il venait parler aux jeunes filles qui attendaient leurs amoureux sur les marches de la Bourse. Il leur faisait la bise, s'asseyait à côté d'elles, leur chantait un air de Dalida et leur demandait, quand même, si elles avaient pas deux euros.
Carlos, il avait pas l'oeil clair. Il avait le rire franc. Il stagnait dans la vie un verre trouble à la main. Il insistait pour t'offrir une cigarette, parce que t'es très gentille et que tu prends le temps de discuter avec lui, sans jamais en avoir peur.
Il avait une fille, Carlos. Il savait plus quel âge elle avait, mais elle s'appellait Anaïs. Il m'a dit qu'il avait rendez-vous au Ministère de la Justice le 14 juin. On verra bien. Il m'a dit aussi que son père l'avait jamais reconnu, que sa mère était morte en mars, que c'est pour ça qu'il était à la rue, Carlos.
Il m'a serré dans ses bras, j'ai refusé de lui donner mon numéro, et j'suis partie claquer 7,10 euros à l'UGC d'à côté.

16 mai 2009

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9 mai 2009

it's for you

Choisir entre un clafoutis aux griottes, un crumble pomme cannelle, un gros macaron à la pistache et une tarte au chocolat amer. C'est à peu de choses près le principe des Nuits Bota.
Beirut complet, Metronomy, Phosphorescent, Akron/Family, Au Revoir Simone, Great Lake Swimmers, Telepathe, Andrew Bird ne sont-ils pas autant de cruelles tentations?
C'est pourquoi il est recommandé de ne trop consulter les synapses de nos cerveaux reptiliens, mais plutôt d'aller au devant des découvertes et des a priori favorables.
20:05 Baddies. Profondément écoeurées par l'indie dévergondé depuis cet ignoble ramassis de Hasselt, nous ne nous sommes infligées que deux chansons des anglais qui, pourtant, tenaient la dragée haute à leurs grands frères. Bien senti, expressif, intelligement emballé par une sorte d'esprit kapranosien...
Bien que loin d'être mauvais, la Rotonde nous appelle inéluctablement à les délaisser, poussées dans le dos par l'acoustique exécrable dudit Chapiteau.
20:18 The Phantom Band. Krautrock anisé, volutes rock'n'rollesques, folk déchiqueté. Peu de chant, mais quand celui-ci fend la barbe du fieffé chanteur, c'est de la country qui vient teindre les compos. Simples, elles sont néanmoins enrichies de sons variés et vraiment intéressants. Génial.
21:01 Art Brut. Voilà un groupe qui tranche l'oridinaire en fines lamelles. Un guitariste albinos évoluant de façon stupéfiante, yeux révulsés, postures épileptiques, à la manière d'un Silas possédé de la gratte. Un chanteur tortillé au bidon prépondérant, aux sourcils démesurément épais, à la prestence style Mike Skinner (relié par un fil, je me promène à ma guise dans le public, en chaussettes, pendant de longues minutes tout en slammant activement mon texte ironique.). Une bassiste punkette à la frange fushia accoutrée de bien curieuse façon. Un second guitariste au faciès niais, au cheveu hérissé, au polo délavé. Et enfin un batteur probablement échappé de I'm From Barcelona, reconnaissable à son bermuda carrelé, son front dégarni auréolé de cheveux mi-longs et ses lunettes plus qu'obsolètes.
On darde tout ce joyeux écosystème d'un oeil très amusé jusqu'à la chouette song about pop music, puis on se lasse de fléchir la rotule en rythme, cela devient fatiguant. Mouais.
22:14 Get Well Soon. Amoureuse folle de leur album, qui fut certainement l'un des plus rutilament abouti de 2008, je prends la rude décision de bouder Metric, qui jouait alors en même temps. De toute façon, on vient de croiser l'Emily Haines en ray ban blanches lèchant une glace.
Ils se postent sur une intro champêtre qui se métamorphose en Prelude, et s'attèlent à imprimer d'emblée un climat magique. Rest now weary head you will get well soon. Konstantin entamme, décidé, sur sa guitare étiquetée, la très jolie People Magazine Front Cover. Amorce planante de Listen! qui vrombi d'un plein coup, et nous lance une grande et grave mélodie au visage. Des éclats de voix, du violon, de l'accordéon, une grâce infinie, une puissance tendre. I Sold My Hands for Food So Please Feed Me nous fait léviter un long moment, le menton entre les mains, avant de décoller avec fracas et de nous happer dans une autre dimension. Une galaxie de laquelle on se n'échappe pas. Où le tonerre est fait d'interminables applaudissiments émus.
La chaleureuse You, Aurora, You, Seaside nous invite à faire un détour ibérique, dont le départ est sonné par une trompette orientalisante et dont le terme vient en même temps que l'une de mes préférées, l'atmosphérique Born Slippy. Des complaintes futuristes et diffuses nous téléscopent vers une contrée plus triste, plus grise. La détresse vient bien vite, et occasionne à deux reprises d'immenses moments, toutes guitares déployées. D'une telle splendeur, on en pleurerait... Je ne m'en remettrai que deux chansons plus tard, pour le shout baby shout baby acidulé de Hat's Missing et pour la guitare très It's a Man's World de Lost In The Mountains. Elle nous barde d'une soyeuse atonie, on se balance lentement, et on se laisse fasciner une dernière fois par cette voix. Sortant, je flotte. Je tremble. Je titube.
Rien envie d'écouter après ça, mais bon, on a payé.
23:34 Au. Complètement inintelligible, la première partie de Fleet Foxes et de Grizzly Bear se laisse écouter à genoux, les coudes vissés sur la scène. Ca foisonne, ça fourmille, ça fouille. Un véritable travail de panéonthologue surmené. Les tambourins valsent, comme les rythmes qui ne cessent de se superposer en un agréable vacarme. Voilà voilà. On aura baillé de bon coeur quoi.
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YOU CALL YOURSELF A KILLER, BUT THE ONLY THING YOU'RE KILLING IS YOUR TIME
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