Les Ardentes, Liège, Belgique. Dimanche 12
Les Ardentes, Liège, Belgique.
Dimanche 12 juillet.
Les yeux un peu plus gros que le ventre.
Les Ardentes, cette année, c'était honnête. Toujours loin d'être vaniteux, toujours à la recherche de têtes peu communes, de saveurs exotiques et de mariages inédits.
Par l'odeur alléchés, c'est sur le quatrième et ultime jour que nous avons jetté notre dévolu. Un rien abouliques, nous ne nous décidons pas à écouter quoique ce soit avant Mulatu Astatrke & The Heliocentrics. Assis, battant du pied, les pérégrinations éthiopiennes du jazzman séduisent un temps, puis endorment inévitablement. De cuivres surmixés finiront de détourner notre attention de ces sons pourtant luxuriants et recherchés.
Nous huppons outrageusement Gabriella Cilmi, jettons un coup d'oeil amusé à une Lio (feat. Phantom) qui a le rock'n'roll battant dans les veines, pour nous retrouver face à Peter, Bjorn & John. Pop difforme dénuée de tout contraste, quelque mélodies tropicales plus digestes, mais le tout sonne très rebattu. Nous tenons jusqu'à un misérable Young Folks qui restera aussi linéaire que l'ensemble. Heureusement que la suite s'annonce autrement plus alléchante: c'est Alela Diane qui est la prochaine à se produire sur la scène intérieure. Folle amoureuse de son album de reprises en collaboration avec un groupe d'emprunt, Headless Heroes, je m'attendais à un set désorientant porté au loin par sa voix d'ange californien. A mon grand désarroi, la belle chanteuse semblait plutôt héler des vaches transalpines en yoddleant. To Be Still ne me convainc pas. En revanche, The Rifle reste décidément un sublime et subtil morceau. Bercés par la prêtresse héllénique, on en oublie les Subways (desquels nous avons eu de transpirants échos) et nous enfuyons d'un Sharko gueulard et répulsif. Sûrs de passer un bon moment, nous nous plantons devant Cold War Kids, inévitablement excellents. Setlist en tous points semblable à celle de l'an passé, mais toujours aussi convaincante, on s'enfile à la suite Hang Me Up To Dry, Tell Me In The Morning, We Used To Vacation, Hospital Beds, pour clore avec Saint John. Les gars de la West Coast savent y faire, profonds et racés, tenus et assiégés. Gargantuesque.
Un regard pour Julien Doré; un slow, un duo avec Coeur de Pirate, une chouette chanson en anglais... J'en aurais volontiers vu d'avantage, mais je crois que je m'en remettrai.
De Supergrass nous ne connaissions pas grand chose, si ce n'est leur réputation et Alright, tout au plus. Nous les écoutons distraitement, et c'est loin d'avoir l'air mauvais. On décèle tout de même une bribe de Sunday Morning ainsi que de bonnes parties de guitare... Leur départ sonne l'abordage de la principale attraction de la journée; j'ai nommé Ghinzu.
Apparition qui provoque un bel éclat de rire, avec cette intro Star Wars, aussi surprenante que seyante. Première chanson qui, même étant inconnue au bataillon, mord et se révèle excellente, d'autant plus qu'elle laisse la main à une brochette de morceaux de choix. De l'ordre, je n'ai plus qu'un souvenir aléatoire. Néanmoins, je sais que mes préférées de Mirror Mirror y passent toutes, sauf une. Cold Love est intersidérale. Do You Read Me est grandiose. Sans parler du couplet éponyme... Gauchedroitegauchedroitegauchedroite. Même leurs récentes plages expérimentales et cléricales passent à merveille en concert (Mother Allegra). Pas de High Voltage Queen, mais une Dragster Wave cataclysmique. Le raz-de-marée galactique passé (ces trois premiers quarts d'heure étaient d'une puissance phénoménale), ils feintent un départ anticipé, mais personne n'est dupe: les représentants belges de forces obscures de l'électricité reviennent avec un rappel du tonnerre de Dieu. Blow. Puis Mine... Puis on essaye de marcher droit.