Deux jours après un Espion(s) limpide, attrayant
Deux jours après un Espion(s) limpide, attrayant mais effroyablement convenu, je me rendai enflée d'espoir à l'avant-première de The Burning Plain, premier essai derrière la caméra d'un scènariste que l'on ne présente désormais plus: Guillermo Arriaga, complice de l'écrasant Inarritu (Amours Chiennes, 21 Grammes, Babel... Ou trois des meilleurs films qu'il m'ait été offert de voir.) Autant dire que mon exaltation était à la mesure de l'aventure. Tant et si bien que je m'étais pointée audit cinéma une semaine à l'avance, mais cela ne relève plus que de mon écervellement évaporé et pour le moins risible.
Venons-en aux faits. La formule de l'escamoteur est primitive: chorale dramatique, frise preste, addition salée, jongelerie écartelée, puzzle méandrique. L'homme sait pertinement qu'il lui incombe maintenat deux labeurs de taille: soudure et incarnation.
Pour le premier, Arriaga et ses solides antécédents ont honteusement stagné, s'appuiant trop lourdement sur les caractéristiques qui rendaient ses premières réalisations uniques. L'intrigue, inévitablement sublime, échoue néanmoins dans une faille temporelle abîssale. En effet, l'unique audace de l'auteur fut d'étendre son discours sur de nombreuses années, écart qu'il ne réussit à représenter que difficilement. Bien dans son sillage, le manque de risques pris sera l'échec notoire de cet élève brillant mais prévisible. Je déplorerais seulement une cohésion un peu bancale, un sens de l'image moins bouleversant qu'auparavant, une verve un peu éteinte; ces trois facteurs ayant plus que probablement été insufflé par le grand Inarritu, qui n'a pas son pareil pour magnifier les émotions, particulièrement les plus pénibles.
La seconde tâche, il la réalise avec brio en faisant appel à une Charlize Theron hyper consistante et franchement convaincante. Rarement le crayon humide et coulant n'aura embué de si canonissime façon le visage d'une femme. Quant à Kim Basinger, ses rôles antérieurs repoussants ne laissaient pas supposer la tremblottante sensibilité de l'actrice. Un exellent casting, en somme.
Après une fin en queue de poisson et en jeux de regards bienséants, il fallu attendre le générique (quelle musique!) pour sortir les mouchoirs, affreusement triste de voir se terminer un si joli film. Loin d'être une pâle copie, loin d'être déconfite de déception, l'évidence se rend à nous: l'union fait la force.
L'image n'a strictement rien à faire là, mais bien mal avisé celui qui s'en plaindra.